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19 octobre 2023

Dadao (大刀), Changdao (長刀), et Shuangshou dao (雙手刀)

 

En Chine, en 1562, Qi Jiguang (戚繼光, 1528-1588) dans le Jixiao xinshu (Nouveau Livre de l'Efficacité, 紀效新書) recopie plusieurs techniques de sabre d’un manuscrit japonais de l’école Kage-ryu (影流 ou 隂流) et présente sa propre méthode de l’arme, le Xinyou daofa (la Méthode de sabre créée en 1561, 辛酉刀法).

 

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Kage-ryu dans le Jixiao xinshu

 

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Le sabre de Qi Jiguang dans le Jixiao xinshu

 

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 Le Kage ryu dans le Wubeizhi

 

 En 1614, Cheng Zongyu (程宗猷, 1561-1636) rédige le livre Dandao faxuan (Sélection de techniques du sabre, 單刀法選) détaillant l'art du sabre japonais qu'il a appris avec Liu Yunfeng (劉雲峰, fin du XVIe siècle).

 

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Technique Cangdao shi (藏刀势, Posture du sabre caché)

 

 Puis, en 1621, Mao Yuanyi (茅元儀, 1594-1640) montre dans son Wubeizhi (武備志), le long sabre (長刀).

 

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Le long sabre (à gauche), Wubeizhi

 

 Les Japonais ont une arme équivalente qu’ils nomment Odachi (大太刀) ou Nodachi (野太刀), tandis qu’au Viet Nam on parle de Gươm trường (Longue épée).

 

Au XVIIIe siècle, l'Encyclopédie Siku quanshu (四庫全書, 1783) reproduit deux sortes de sabre :

- le Changren dadao (le Grand sabre à lame effilée, 長刃大刀),

- le Shuangshou daidao (le Sabre à deux mains porté à la ceinture, 雙手帶),

- le Zhan ma dao (le Sabre qui coupe le cheval, 斬馬刀), tous les trois sont à lame effilée,

- le Kuangren piandao (寬刃㓲刀), le sabre à deux mains à lame large et plate.

 

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Le grand sabre avec une longue lame

 

 

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Zhanma dao

 

 

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Shuangshou daidao

 

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Kuangren piandao

 

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Gươm trường (vers 1870)

 

En Corée, en 1795, Yi Deokmu (이덕무), Pak Je-ga (박제가) et Baek Dong-soo (백동수) composent le Muye Dobo Tongji (무예도보통지, 武藝圖譜通志, Atlas des arts martiaux) qui étudie le sabre à deux mains et l’épée japonaise.

 

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Chapitre sur l’épée du commandant, Tidu jianpu (提督劔譜)

 

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Epée coréenne, Benguo jian (本國劔)

 

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 Chapitre sur le sabre pointu, Ruidao pu (銳刀譜)

 

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Chapitre sur le sabre à deux mains, Shuangshoudao pu (手刀譜)

 

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Chapitre sur l’épée japonaise, Wojian pu (倭劔譜)

 

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Chapitre sur l’épée de combat, Jiaozhan pu (交戰譜)

 

De 1910 à 1928, Li Cunyi (李存義, 1847-1921), Li Shuwen (李書文, 1864-1934) et Ma Fengtu (馬鳳圖, 1888-1973) enseignent cette arme au Tianjin Zhonghua Wushi hui (Association chinoise des chevaliers de Tianjin, 天津中華武士會).

 

 En 1921 à Baoding, Liu Yuchun (劉玉春, 1878- ?) transmet à Guo Changsheng (郭長生, 1896-1967) et à Han Qingtang (韓慶堂, 1900-1971) le Miaodao (Sabre à la lame effilée, 苗刀). Le terme de Miaodao est donc attesté dès les années 1920.

 

En 1928, les deux condisciples Guo et Han, dont nous venons de parler, sont engagés à la fondation du Nanjing Guoshu guan (Institut de l’Art National de Nanjing, 南京中央國術館) pour y professer leur art.

La même année l’Institut organise une compétition de Shuangshou dao (sabre à deux mains). Compet 1928.jpg

Compétition de Shuangshou dao (1928)

 

Durant la période de la Guerre Sino-japonaise (中國抗日戰爭, 1931-1945), en 1925, Ma Fengtu crée les Bofeng badao (Huit techniques de Sabre qui brisent, 破鋒八刀) et le montre plus tard à l’Escouade du Grand sabre (大刀隊), dans l’idée de s’opposer au gunto (sabre de l’armée, 軍刀) des Japonais.

 

En 1933, Jin Enzhong (金恩忠, 1904- ?) compose le Shiyong dadao lianfa (l’Art du grand sabre de combat, 實用大刀術,) dans le même but.

 

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Equipement de l’Escouade du Grand sabre

Source : https://kknews.cc/zh-tw/history/89xxo8l.html

 

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 Soldats chinois du début du XXe siècle

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 L’art du maniement du grand sabre, Shiyong dadao shu, 實用大刀術

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Yin Yuzhang

 

En cette même année 1933, Yin Yuzhang (尹玉璋, 1890-1950) compose le Kandao shu lianxi fa (Méthode d’entraînement au Grand sabre, 砍刀術練習法).

 En 1936, Fan Yikui (樊一魁, XXe siècle) publie le Zhongyi quan gaoben (Manuscrit illustré de la Boxe Zhongyi, 忠義拳圖稿本) où il décrit le Dakandao (le Grand sabre qui fend). 

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 Le Dakandao de Fan Yikui

 

En 1937, dans la province du Zhejiang, Han Qingtang simplifie le Miaodao de Liu Yuchun en Quatre lu de Miaodao (四路苗刀) qu’il enseigne dans l’armée, puis à partir de 1947 à Taiwan.

 

Luo Guangyu (羅光玉, 1889-1944) transmet le Junzhong dadao (le Grand sabre de l’armée, 軍中大刀) à l’Institut Jingwu de Hong Kong.

Son élève, Huang Hanxun (黃漢勛, 1915-1974) publie l'ouvrage du même nom en 1955.

 

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Huang Hanxun

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Dans la position de Gravir la montagne, couper la tête du pirate japonais

(登山斬倭顱)

 

Le fils de Guo Changsheng, Guo Ruixiang (郭瑞祥, 1932- ?) est l’auteur de deux livres, le Miaodao (苗刀, 1986) et le Miaodao jifa (苗刀技法, 2003). Il y présente les Yi lu et Erlu Miaodao (Premier et Deuxième enchaînements de Miaodao, 一路, 二路苗刀)

 

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Couverture du livre Miaodao de 1986

 

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Miaodao jifa, 2003

 

Un Miaodao du Xinyi Liuhe Quan (心意六合拳) est issu de la compagnie d’escorteurs de biens Wansheng, porte le nom de Wansheng miaodao (萬勝苗刀).

On peut citer plusieurs autres écoles :

- Dasheng Pigua Men (La boxe du Grand saint et du Pigua, 大聖劈挂門) de Geng Dehai (耿德海, XXe siècle) à Hongkong,

- Chuojiao ( Le coup de pied qui perce , 戳脚)..

 

Au Vietnam, le Gươm trường (Longue épée vietnamienne) est surtout populaire au Nord. On peut citer Trần Việt, un descendant de l’école de Trần Công (1914-2013).

 

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Trần Việt, Gươm trường

 

A Saigon, dans les années 1970, l’école Tân Khánh de Hồ Văn Lành (1914-2005) conserve le Cửu khuyên đao (Sabre aux neuf anneaux) et le Gươm trường.

 

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Nguyễn Văn Trọng de l’école Tân Khánh

 

Le moine Thích Thiện Tánh, de son vrai nom Mai Văn Phát (1917-1997), à la même période, entraîne ses élèves à l’enchaînement Hắc long đao (Sabre du Dragon noir) qui se sert du Cửu hoàn đao (Sabre aux neuf anneaux).

 

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Elève de Mai Văn Phát, sabre aux neuf anneaux

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 Années 1990

 

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Sabre aux neuf anneaux moderne

 

Toujours à Saigon et toujours dans ces années 1970, Lâm Anh Bình (né en 1938) et Ngô Trọng Sơn (né vers 1940) donnent des cours de sabre à deux mains.

 

Le principe du levier

Cheng Zongyu recommande d'utiliser un sabre léger (Qingdao, 輕刀) car ainsi, en combat, on peut plus facilement le mouvoir.

Le sabre doit donc être forgé avec un bon acier pour réduire la largeur de la lame et ainsi le poids.

L’utilisation du sabre long et lourd, tenu à deux mains est ainsi similaire à celle d’une perche ou d’une lance. Les deux mains appliquent le principe du levier, la main gauche contrôlant, la main droite dirigeant le mouvement.

 

 Lâm Anh Bình résume la biomécanique du grand sabre par trois mots-clés : Qi (Commencer, ), Gun (Rouler, ) et Luo (Finir, ).

 

 

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Tenue de l’arme

 

Lâm ajoute également : la lame est rigide et la pointe est souple (thân ngạnh mũi nhuyễn).

Il s’agit alors d’une application du principe de levier en stratégie que l’escrime occidentale appelle le fort et le faible.

 

Nous utilisons le fort de notre arme près de la poignée pour parer sur la partie faible près de la pointe de l'arme ennemie et ainsi dévier son attaque.

Ainsi lorsque l’on garde la ligne médiane avec la partie forte, il est difficile pour l’ennemi de pénétrer notre défense.

 

Lâm Anh Bình enseigne également : la lame est rigide et la pointe est agile (thân ngạnh mũi linh).

La pointe de notre arme évite ainsi avec agilité le mur défensif du fort de l'arme adverse et lance des attaques rapides des deux côtés de cette défense.

 

 L’art du combat avec le sabre à deux mains de l’école de la Mante religieuse (Tanglang men, 螳螂門) de Lâm Anh Bình est constitué de six enchaînements :

- Le Shuangshou dao shishi (Sabre tenu à deux mains en 10 techniques, 雙手刀十势), pratique les mouvements de base en coordination avec les déplacements, la pointe de la lame toujours dirigée vers l'adversaire.

- Le Junzhong dadao (le Sabre de l’armée, 軍中大刀) se déplace en avant et subitement en arrière. En utilisant le côté concave de la lame, il s’empare de la ligne centrale. Parfois, il esquive sur le côté et va même dans le dos de l'adversaire.

- Le Dakan dao (le Grand sabre qui fend, 大砍刀) pare et attaque en avançant, et grâce aux déplacements en zigzag (Zhixing bu, 之形步) affronte la lance.

- Le Zhanma dao shier lu (les Douze enchaînements du Zhanma dao, 斬馬刀十二路) est une analyse détaillée des mots-clés essentiels.

Ainsi le premier, Quandao zhanma (Enrouler le sabre pour attaquer, 圈刀斬馬), contrôle le centre en exploitant la technique Quan (Enrouler, ).

Le troisième, Jiudao lanlu (Neuf techniques qui bloquent le chemin, 九刀攔路), contre les attaques de lance alors que le huitième, Jia tiedao (Relever et s’appuyer, ) dévie les attaques puissantes venant par le haut.

Le dernier enchaînement, Pishan chuanlin (Fendre la montagne et percer la forêt, 劈山穿林) contre-attaque directement, selon les tactiques Công thủ hợp nhất (l’Attaque et la défense ne font qu’un) et le Tỏa hoạt (Verrouiller pour glisser en avant).

 - Le Shuangshou dao zhaiyao (L’Essentiel du sabre à deux mains, 雙手刀摘要) passe en revue les techniques importantes de l’école.

- Enfin, le Changdao shier yao (Douze points importants du Long sabre, 長刀十二要) résume la technique du long sabre en 12 mots clés : Kan (Fendre, ), Gou (Crocheter, ), Gun (Rouler, ), Fu (Flotter, ), Chui (Pendre, ), Chuan (Transpercer, 穿), Yin (Amener, ), Shan (Esquiver, ), Fu (S’accroupir, ), Bian (Transformer, ), Guo (Dépasser, ), Jin (Avancer, ).

  

Le programme de l’école de la famille Hong (洪家) de Ngô Trọng Sơn comprend deux enchaînements : le Pigua shuangshou dao (le Sabre qui accroche et fend, 劈掛雙手刀) et le Shuangshou dao shisan shi (Le sabre à deux mains en 13 techniques, 雙手刀十三勢), tous les deux utilisant un sabre à lame effilée.

Le premier enchaînement repose sur des postures simples telles que Wanhua (Mouvements en arabesque, 挽花), Banyue (Croissant de lune, 半月), Laoyue (Pêcher la lune, 撈月), Tuishuang kanyue (Pousser la fenêtre pour regarder la lune, 推窗看月), Chuansuo (Lancer la navette, 穿梭), Diaoyu (Pêcher le poisson, 釣魚) afin d’appliquer les tactiques que Ngô nomme Đánh lướt (Glisser et frapper) et Đánh vuốt (Lisser et frapper).

Le deuxième enchaînement (雙手刀十三勢) exécute 13 mouvements en continu afin de contrer le sabre adverse.

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Da kandao

  

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Zhanma dao (Shuangshou dao)

 

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 Changdao (Miaodao)

 

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Sabre à deux mains vietnamien

 

 

Conclusion

On sait que l’énergie cinétique d’un corps est proportionnelle à sa masse et à sa vitesse au carré, selon la formule :

E = ½ mv2

où m est la masse et v la vitesse.

 

Ainsi la masse d’un sabre lourd à large lame, fend ou coupe avec force. Alors qu’un sabre avec une lame effilée, moins lourde, permet plus de vitesse pour piquer ou couper.

La stratégie des arts martiaux peut se résumer à deux principes fondamentaux : le temps et l’espace.

Ainsi le Jianjing (Traité de l’épée, 劍經) du général chinois Yu Dayou (俞大猷, 1503-1579) fait allusion aux trois Paiwei (拍位), qui illustrent le moment et l’endroit.

L’escrimeur japonais Miyamoto Musashi (宮本 武蔵, 1584-1645) l'appelle Hyoshi (拍子). Le Kenjutsu a le Maai (間合). L'escrime italienne parle de Tempo (le Temps). Au Vietnam on a : Công thủ đồng thời (Attaque et défense au même moment).

Tous ces concepts biomécaniques et stratégiques sont développés dans le livre L’art de la lance et du bâton, rédigé par les auteurs de cet article.

 

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Dix techniques de sabre à deux mains, Shuangshoudao shi shi

 

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 Changdao

 

© 2023, Thomas Dufresne & Qui Jacques Nguyên

 

Commentaires

Re- Bonjour ,magnifique ,j'ai vraiment aimé cette article,ce livre devrais-je dire.
Merci ...

Écrit par : de Medeiros | 05 novembre 2023

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